mercredi 31 janvier 2007

La visite du requin-lézard

Récemment un requin-lézard, s'est aventuré hors des des fosses abyssales du large du Japon. Quelle drôle de bestiole. Sachant qu'elle n'en avait plus pour longtemps, elle était venue frayer à la surface. Ce qu'elle ignorait visiblement c'est qu'elle serait capturée, qu'une vidéo serait prise d'elle et qu'elle finirait la gueule béante sur un tapis. À mon humble avis, elle aurait mieux fait de rester chez elle à 1000 m de profondeur à se pourlecher de calmars et autres congénères. Quelle idée aussi d'aller voir le monde quand on est si laid...

Mon autre passe temps, à part de m'inquiéter du sort des créatures sous-marines, c'est mon métier. Je suis acteur de théâtre. Ma vie consiste en un jeu continu, tiraillé que je suis entre les apparences et la vérité crue. Plein de faux-semblants, oui, mais j'y met du coeur car j'aime la vie.

Je travaille actuellement sur une production intitulée Les Mains sales et écrite par Jean-Paul Sartre il y a de cela une soixantaine d'années. J'y interprète le rôle de Hugo, un jeune anarchiste bourgeois aux prises avec la difficile mission d'abattre le chef d'une faction rivale dont il s'est lié d'amitié. Voilà pour le tiraillement. Nous jouons au Théâtre du Trident à Québec jusqu'au 10 février et l'accueil du public est très enthousiate.
http://www.letrident.com

Hier soir, notre metteur en scène, Marie Gignac nous disait au revoir. Elle quitte pour Newcastle-upon-Tyne où elle travaille sur la nouvelle création du créateur et metteur en scène Robert Lepage présentée là-bas le mois prochain. Nous en avons profité pour lui faire une petite fête bien arrosée. La tequila était bien bonne merci... À -25° C à l'extérieur, c'est tout ce dont nous avions besoin.

mardi 30 janvier 2007

D'abord, pourquoi...

PGRA, un acronyme pour Petit Geste de Résistance à l'Abrutissement ou pour Pas trop GRAs si vous etes trop sensible.

Mon idée, c' est de participer à ma manière, à la discussion. À force de gueuler dans le vide, on peut avoir la dangeureuse impression de perdre la raison...

J'ai écrit une lettre d'opinion au début de l'année. Elle fut publiée dans le Soleil, un quotidien de Québec. Comme j'y insultais quelqu'un, un peu malgré moi je l'avoue, j'ai eu peur de m'être trompé. Serais-je fiché dorénavant pour cette prise de position ? Bien que vivant dans le "plusse beau pays du monde", notre Canada, il y a des histoires d'horreur qui me reviennent en mémoire, de ces gens qui osant dire le fond de leur pensée ou plutôt constatant que leur pensée ne leur serait d'aucune utilité autrement, se retrouvent en plein cauchemar. Au Soleil, on a rogné cette lettre à l'envie ; n'y demeurait plus qu'un tas de propos mal agencés.

Faites que pour cette page, je sois le seul à me relire. C'est tout le blog, ça, non ?

Hier, mon fils de 4 ans a vu des gens morts à la télévision. Des morts violentes. Nous étions en Israël et des kamikazes s'étaient fait sauter emportant avec eux des familles entières. Des survivants pleuraient. Il m'a demandé : "Pourquoi ils pleurent ?". Je lui ai répondu, d'un ton outré : "Parce que c'est la guerre! C'est ça la guerre mon fils!" C'est comme si je lui en avait voulu de ne pas en avoir saisir l'horreur par lui-même, de ne pas en avoir ressentir les soubresauts dans le tréfond de son être. Et je pensais aux petits hommes de son âge, qu'on y voyait également, et qui, visés sur les épaules de leur père, scandaient des slogans de haine. Et je me suis consolé en pensant : "pour mon fils, c'est sûrement mieux ainsi".

C'est de moments comme ceux-là dont je veux témoigner.