samedi 29 décembre 2007

Show d'vaches

J'ai participé hier soir au désormais classique Show d'vaches au Beach Club Paradise qu'une vingtaine de comédiennes, musiciennes et conceptrices présentent dans le temps de Noël au public de Québec. Elles font leur tournée d'adieu cette année et, contrairement aux années précédentes où elles recevaient des filles comme invitée spéciale, elles ont cru bon, cette année, d'inviter des gars, un par soir, à venir broutter dans leur pré. Une invitation impossible à refuser. À mes risques et périls je doit l'admettre, car, faisant fi des difficultés techniques, je me suis lancé dans une inteprétation spontanée du Ma préférence que Julien Clerc a popularisée jadis. Il semble que j''ai gagné mon pari puisque ma chérie a été conquise. Je m'étais organisé aussi pour que ma fille - que plus rien n'impressionne du haut de ses 7 ans - l'accompagne. Tout est allé de soi pour elle également.


Il est bon de se souvenir que ce spectacle est une des plus belles réussites. Du jamais vu. Tantôt émouvant, tantôt complètement déjanté, le spectacle donne l'occasion de faire un tour complet de la féminité et, profitant de cela, d'actualiser le sujet : le difficile engagement de la maternité, les amitiés complexes entre ces femmes, les défis qu'elles ont a relever aujourd'hui - travail, famille, les fantasmes qu'elles taisent, ceux qu'elles révèlent. À les voir, on se sent bien d'être un homme, non pas devant la complexité d'un tel tableau, mais plutôt parce qu'on comprend mieux pourquoi on les aime tant.


Bonne année 2008 à toutes les femmes de la Terre !

samedi 22 décembre 2007

Miss Belgique 2008 sait s'exprimer en français!

Allez ! Un peu de polémique ce matin. J'apprends qu'en Belgique, on s'offusque de constater que Miss Belgique 2008 ne parle que le français et qu'elle baragouine le flamand. On l'a même huée le soir de son élection quand elle fut incapable de s'exprimer dans la langue de... en flamand, quoi. Et après cela, on dit que la Belgique ne tourne pas rond qu'elle est en voie d'éclatement, on prétend même que cette jeune femme de 20 ans, charmante Alysée Poulicek, porte l'odieux d'être la dernière miss Belgique avant que ce pays ne se décompose tout à fait.

Le lendemain, je m'attarde sur le programme officiel (y en a-t-il un non-officiel ? comme si le mot "officiel" était aujourd'hui garant de tout succès) des fêtes du 400e de Québec. En introduction, le premier ministre canadien, Steven Harper, se délecte de constater que la langue française continue d'être parlée au Canada et que c'est à Québec qu'on la parle probablement le mieux. Il a vraisemblablement pris connaissance du dernier recensement canadien qui nous apprend - ô surprise - que la langue française s'érode tranquillement mais sûrement sur notre continent et que Montréal est désormais une ville à majorité anglophone. Lui-même - et n'oubliez pas qu'il est notre Premier Ministre et non pas la dernière Miss en date - ne s'exprime qu'approximativement en français. Qu'est ce que ce serait s'il fallait exiger d'une Miss Canada 2008 anglophone de naissance qu'elle sache s'exprimer en français ?! Je n'ose même pas imaginer que quelqu'un, quelque part, puisse ne serait ce que suggérer que ce serait une bonne chose... Chez-nous, à l'Assemblée Nationale, les parlementaires - opposition en tête - ont peine à s'exprimer en français - bien qu'ils aient été soit disant élévés dans cette langue...

La question de toute manière n'est pas de savoir si le français disparaîtra du Québec un jour mais bien quand. Notre langue, même dans sa forme la plus archaïque, disparaît grossièrement de notre territoire et ce qui est le plus déplorable, c'est que cela ne fait ni chaud ni froid à la grande majorité d'entre nous. Moi, je m'attriste lorsque j'apprends qu'une langue vient de disparaître car son dernier locuteur s'est éteint dans une lointaine île de Micronésie alors imaginez ce que je ressens lorsqu'il s'agit de la mienne et que je m'efforce de la parler correctement.

Je vais me mettre au Néerlandais immédiatement pour ne pas être pris de court advenant le cas où... Et joyeux Noël et bonne année 2008 à tous les Flamands ! ...

mardi 11 décembre 2007

Ma lettre intégrale

Voici le texte que j'aurais aimé que le magazine l'Actualité publie pour la parution du numéro spécial Québec. On m'avait demandé d'écrire une "lettre à Québec" qui pouvait être une lettre d'amour, de bêtises, de réconciliation, name it. J'ai opté pour le ton d'une lettre écrite à une bonne amie, très bonne amie, pour laquelle on ne souhaite que du bien.

Dans ce numéro spécial de l'Actualité, ma lettre, coupée de moitié, sonne un peu étrange. J'ai l'air enragé. Le choix du titre : "Tu mérites mieux!" fait plutôt agressif alors que tout cela avait été écrit avec le sourire. En fait, j'ai un peu l'impression que la rédaction de l'Actualité voulait me faire dire quelque chose - que Québec est dure pour ses artistes, par exemple - mais n'y arrivant pas, elle a rogner ma lettre comme elle le pouvait. À côté de ce qu'a écrit Jean Soulard pour ce même numéro, je passe pour un dangereux insatisfait alors que mon objectif premier était de rappeler aux lecteurs que nous avons de la difficulté à garder les étrangers chez-nous au moment même où cela devient un débat de société majeur et un cruel constat pour notre charmante ville.

"Québec,

Récemment, j’étais à Lisbonne avec La Trilogie des Dragons, ce spectacle-fleuve de Robert Lepage qui a fait le tour du monde 5 fois plutôt qu’une. En cette mi-octobre, j’arpentais doucement cette ville splendide et pleine de vie, sise aux confins de l’Europe. Cette capitale jouit d’un charme certain et, sous des allures populaires, demeure étonnemment respectable et disciplinée. Tu comprendras qu’il m’en aurait fallu de peu pour m’y perdre un moment et t’oublier. Mais non, une fois encore, tu as su me retenir et je suis sagement rentré chez moi.

Je suis attaché à toi. Est-ce parce que j’ai grandi à ta périphérie, dans la côte de Cap-Rouge alors que cette banlieue n’était qu’un village tranquille blotti dans une vallée ? Pour autant que je me souvienne, mes journées se résumaient à quelques jeux distraits avec mon voisin d’en face, Nelson, un bon Portugais justement et plutôt costaud. Son grand-père distillait un puissant alcool maison – peut-être de la ginginha, cette délicieuse liqueur de cerises qu’on avale à la sauvette. Ces effluves d’alcool m’habitent encore et me manquent. Un jour, Nelson et sa famille, à ma grande stupéfaction de petit garçon, t’ont quittée pour s’établir à Toronto… Pourquoi ? De mon côté, avec les années, je me suis lentement rapproché de ton centre et ce faisant, je suis devenu l’homme que je suis. J’ai rencontré ma femme, nous avons fait des enfants. Nos racines plongent profondemment en ton sol.

Tu me permets d’être franc ? Tu es belle, tu es belle comme pas une, mais plus le temps passe, plus tu fais vieille fille. Tu ne cesses de t’embellir pour les visiteurs de passage mais tu ne sais pas retenir ceux dont tu as besoin ! Sors un peu ! Change-toi les idées ! Il y a peu, on te voyait grande et pleine d’ambassades. Aujourd’hui, tu te rassois bien sagement et tu te ponponnes en attendant de savoir si, un jour, quelques avions viendront survoler ton bout de fleuve en une course ultra-sponsorisée… Tu mérites mieux que cela ! Ne te fâche pas. Quand tu te fâches tu n’es plus jolie du tout. Et je sais qu’il y a des gens formidables qui travaillent à te rendre belle.

Mais si tu as envie d’un peu plus et comme je suis follement épris de toi, j’ai un défi à te proposer. Il existe des villes dans le monde qui sont comme des phares pour l’humanité, des endroits dont on rêve la nuit, des villes où quelque chose semble s’être produite un jour et qui sont comme enveloppées d’une délicieuse chappe de bonheur. Ces lieux font l’envie de tous et je suis persuadé que tu as tout ce qu’il faut pour en être. J’ai plein de gens à te présenter, d’ici et d’ailleurs: des artistes, des gens de coeur et d’âme faits pour cette besogne. Tu serais surprise car, pour peu, ils savent faire bouger bien des choses. Tu as envie ?"

Vive le blog ! Y'a rien comme le blog !

mardi 4 décembre 2007

Mon automne

Cela fait plus de trois mois que je ne me suis pas exprimé sur cette page. C'est long trois mois. Une saison entière. Que m'est-il arrivé durant ces longs mois d'automne ? Peu de choses en fait. J'en ai passé la plus grande partie en tournée, d'abord avec la Trilogie des Dragons à Lisbonne en octobre puis avec On achève bien les chevaux en tournée au Québec jusqu'à tout récemment. D'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion de remplir de feuilles mortes nos cinquante sacs annuels et je reviens à la maison avec cinq pieds de neige de tombée... déjà. Les miens m'ont beaucoup manqués et si je ne me retenais pas je crois que je m'enfermerais chez moi pour les trois prochains mois pour savourer une fois encore toutes ces saveurs qui font mon quotidien.

Lisbonne, c'est superbe ! C'est une ville de la grosseur de Montréal, mais déjà beaucoup plus humaine. Pas de centre-ville, mais plusieurs petits quartiers tous différents : l'Alfama populaire et pentu, le Bairro Alto, perché là-aussi, un quartier où l'on ne se couche jamais, le Rossio avec ces petites artères rectilignes et ses grandes places... Impressionnant. Les Portuguais sont adorables, gentils comme tout et le coût de la vie est très bas pour un pays européen. En plus, comme touriste, on a plus de chance de se faire comprendre si on parle le français que l'anglais, ce qui est plutôt rare. Seul bémol, le peu de spectateurs qui ont assistés à nos représentations. Un peu ridicule en fait de fournir tous ces efforts pour une poignée de gens...

Quant à la tournée québécoise de On achève bien les chevaux co-production Théâtre Niveau Parking et Les Enfants Terribles, elle fut éreintante quoique très bien organisée. Éreintante car nous avons parcouru le Québec presque en entier : nous sommes montés jusqu'à Sept-Îles après être passés, entre autre, par New Richmond et la banlieue de Montréal. Beaucoup de spectateurs ont assisté au 17 représentation jouées au cours de cette tournée et n'eut été de la blessure subie par l'une des actrices à Longueuil vendredi dernier, blessure qui nous a forcé à annuler notre dernier spectacle à Mont-Laurier lundi, nous aurions connu un sans faute. Nous amorçons demain une dernière série de représentations au Périscope à Québec là où nous avions crée le show l'automne dernier.

Voilà pour la mise à jour.

Je reviendrai bientôt avec l'intégralité du texte que m'a commandé le magazine l'Actualité-Rogers pour les 400 ans de Québec. Ce texte, on l'a amputé de moitié à sa parution la semaine dernière dans le numéro souvenir sur Québec. Il m'apparaît important, ici, de le remettre dans son contexte.

mardi 28 août 2007

Un Masque !

Dimanche soir, à Montréal, on m'a remis un trophée - le Masque de l'interprétation masculine - pour mon rôle de Hugo Barine dans les Mains sales de Jean-Paul Sartre, présenté au Théâtre du Trident l'hiver dernier. Je ne sais trop si l'on doit s'habituer à recevoir ce genre d'honneur, mais je peux, sans honte, affirmer que l'instant fut pour moi des plus émotionnant. Devant mes pairs, en allant chercher mon prix, il m'a été très difficile d'exprimer toute ma gratitude ; j'en ai oublié de nommer et de remercier ma propre metteur en scène, Marie Gignac. Submergé par l'émotion, mon laïus s'apparentait à plus un charabia, une énumération pêle-mêle de tous ceux qui me venaient en tête. Je crois quand même avoir dit l'essentiel, notamment à quel point ce prix était important pour moi, à quel point il avait sa signification. C'est, en tout cas, un sérieux coup de pouce pour ce qui s'en vient.

mercredi 22 août 2007

Pour conclure l'été

J'ai une petite famille. Mon épouse se prénomme Elena. Nous nous sommes mariés en 1996. Nous avons deux enfants : Adèle, 7 ans, et Élie, 5 ans. Nous formons, à nous quatre, une équipe formidable dont je suis particulièrement fier.

Nous venons sans aucun doute de passer quelques uns de nos plus beaux moments. Notre été, court et entrecoupé de nombreux aller-retours en Europe pour la Trilogie des Dragons, fut couronné, la semaine dernière, d'un séjour au parc du Bic dans le Bas-du-Fleuve, séjour où nous avons expérimenté les joies - et les quelques déboires - du camping. Je tiens à souligner le grand professionnalisme et les belles initiatives de la Sepaq, l'organisme public en charge de la gestion des parcs québécois. Une attention toute particulière est apporté à la propreté des équipements et à leur entretien de sorte qu'on a réellement l'impression de circuler dans un lieu protégé et unique. Chapeau également aux naturalistes qui participent aux activités qui y sont proposées chaque jour. Nous allons renouveler l'expérience le plus souvent possible.

Nous avons également poursuivi cet été notre travail autour de la prochaine création du Théâtre Niveau Parking (Lentement la beauté, Les Mots fantômes). Après s'être laissé au printemps sur quelques improvisations considérées comme constructives, nous planchons actuellement sur une première phase d'écriture dans laquelle nous concevons un texte à relais, se passant celui-ci d'équipier en équipier. Cet exercice devrait donner un outil de travail qui servira pour notre seconde phase d'improvisations où nous élaborerons le canevas de notre futur spectacle. La particularité de cet exercice d'écriture, outre le fait d'impliquer chacun des membres à tour de rôle, réside dans le fait que nous écrivons cette fois-ci à partir du point de vue de 5 personnages différents qui sont ressortis suite à notre première semaine d'atelier. Personnellement, j'adore cette façon de travailler : d'abord parce qu'elle me force à écrire et parce qu'elle n'implique aucune censure puisque nous n'y refererons ultérieurement qu'au gré de nos besoins et de nos envies.

Je devrai bientôt amorcer deux autres projets totalement nouveaux. D'abord m'attaquer au texte de Cyrano de Bergerac, rôle que je défendrai au Théâtre du Trident en mars 2008. Il s'avère être l'un des plus grand du répertoire. Voilà pourquoi je m'y attèle 6 mois d'avance. Je débute aussi mon travail de metteur en scène sur le texte d'Eric-Emmanuel Schmidt, "Les Variations énigmatiques" où j'aurai à diriger un duo d'acteurs (et d'amis) formidables : Emmanuel Bédard et Vincent Champoux. Notre première est en... avril. Donc, là aussi nous nous y prenons bien à l'avance pour être certain de ne pas être à court de temps.

mardi 31 juillet 2007

Impressions sur Moscou

Je ne m'étais jamais senti aussi loin. Moscou - on l'oublie - est la plus grande ville d'Europe en terme de population. On parle d'une mégapole de plus de 10 millions d'habitants et qui est en totale reconstruction. Mais, contrairement à Berlin où tout semble aller de soit, les transformations qui s'opèrent paraissent totalement anarchiques. Ou c'est cette circulation démente dans laquelle s'affronte vieilles Lada soviétiques et 4x4 rutilants qui nous donne cette impression ; ou encore ce métro où l'on ne finit plus de descendre sous terre pour aboutir dans une marée humaine, comme l'intérieur d'une termitière. Dehors, à la tombée de la nuit, des cavalières montées sur de vrais chevaux circulent entre les ivrognes et les splendides moscovites.

Les gens là-bas sont fondamentalement gentils. Ils semblent nous trouver charmants, perdus que nous-sommes dans cette immensité. Au sourire, il répondent par un sourire. On sent chez eux une force tranquille et je n'ai aucune difficulté à les imaginer tenant tête aux exhubérants Américains. C'était donc cela la Guerre Froide. Ces gens se sont tenus debout et malgré la faillite du système politique qu'ils s'efforcaient de mettre en place, ils continuent de croire qu'à l'aboutissement, ils auront raison. Et la Chine qui rugit un peu plus à l'Est... Que nous réserve cet avenir...?

La Trilogie a connu là un succès bien appréciable. Nous fermions le Festival avec ce spectacle et, après deux mois de festivités théâtrales, on pouvait croire que les gens du public et de l'organisation de l'événement en avaient soupé du théâtre. Ils avaient peut-être hâte d'aller se prélasser quelques jours dans leur datcha. On ne leur en voudra pas. Pour d'autres cependant nous fûmes un coup de coeur et cela valait cent fois la peine de s'y produire.

mercredi 11 juillet 2007

À Moscou

Je quitte Québec pour Moscou mardi.
Mission : les 5 shows de la Trilogie des Dragons qui y seront présentés.

Je me sens encroûté après trois semaines d'arrêt. Comme quoi le corps de l'acteur (et sa tête, sa mémoire...) compose une machine qui devrait nécessiter un certain rodage avant d'être ré-utilisée. Malheureusement, dans le cas de la Trilogie, notre ré-immersion s'apparente souvent à une plongée du tremplin de 10m dans l'eau glacée. Un "déwrinchage" en règle dans un laps de temps plutôt court ; une seule petite journée pour se ré-approprier tout ça. Après cela, toute autre épreuve est de la petite bière.

Moscou. Je vais arriver là sans autre idée préconçues que celles que l'on colporte de toute manière un peu partout. Ville dangeureuse, ville des extrêmes. Ville du glamour effrené et des règlements de comptes. Gulp. Ville ou des meutes de jeunes paumés assassinent les mendiants à coup de bottes. Ville ou les noirs sont rossés ou à tout le moins insultés par les passants. Ville ou les taxis sont des hors-la-loi.

Ce sont des idées reçues vous l'aurez deviné. Mais quand même j'ai un peu la chienne. J'ai hâte d'être revenu pour écrire mes impressions.

jeudi 28 juin 2007

La Trilogie à Zurich

Je reviens d'un séjour en Europe initié par quelques représentations de la Trilogie des Dragons à Zurich, suivi d'un court séjour en Italie à Gênes, La Spezia et Milan.

Les Zurichois ont très bien accueilli notre spectacle à la Schiffbau. Très peu de réactions mais une écoute exemplaire et, à la fin de chaque représentation, une claque qui s'amplifiait au fil des rappels. Ma femme, qui assistait au spectacle pour la 3e fois et pour la première fois en terre étrangère, a été impressionnée par l'accueil du public. Quant aux habitants de la ville, somme toute petite (350 000 hab.), ils nous ont paru bien sympathiques mais plutôt distants. Zurich est un pur bonheur à arpenter : propre, silencieuse, bordée de colline entre lesquelles s'insèrent le lac, des rivières et des canaux. L'illusion de ce que pourrait devenir la Terre entière si on y mettait du nôtre.

Quant à l'Italie du Nord, Ligurie et Lombardie, beaucoup de monde (trop ?) qui ne cherchent visiblement pas à contrôler leurs décibels. Une vie grouillante même dans une ville de plus petite importance comme La Spezia (100 000 hab.) au fond de la baie des Poètes. Des services offerts de manière bien sympathique mais, c'est vrai, il est très difficile d'être tout à fait autonome lorsqu'on s'y pointe en touriste. À mettre au rang des qualités : le "vivre et laisser vivre" qui prévaut partout, même à Milan, ville de la mode et du design, et la grande gentillesse des Italiens. La quantité d'oeuvres d'art que recèle ce pays est toujours impressionnante. Au final, nous avons adoré notre séjour. Petite mention pour l'hôtel Aurora sur le corso Buenos Aires à Milan - accueil, service, qualité et prix difficile à battre.

Je suis de garde à la maison pour les trois prochaines semaines. Ma fille a profité de notre absence pour conclure en beauté sa première année élémentaire. Elle est donc en vacances. Et moi aussi. Musées, grandes marches, lecture, baignade et bicyclette seront au programme. De quoi s'occuper bien comme il faut.

Prochaine escale : Moscou à la mi-juillet. Nous y referons la Trilogie des Dragons dans le cadre d'un evènement entièrement consacré à Robert Lepage. Quatre de ses dernières productions y sont présentées l'une à la suite de l'autre.

lundi 4 juin 2007

Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent

Ce week-end j'étais de la distribution du fantasmatique et défoulant spectacle "Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent" concocté par Loui Maufette et présenté dans le cadre des Théâtres d'Ailleurs à Québec. Pour deux représentations seulement, au travers d'une troupe de 21 comédiens de tous âges et de toutes écoles, je me suis délecté des mots agencés par Patrice Desbiens, Robert Lalonde ou Henri Chassé. Autour de moi, de splendides acteurs et actrices ponctuaient à leur de leur voix, de leur geste ou de leurs silences l'ensemble de cette immense révérence faite à la Poésie. Pure jouissance ! Aux premières loges, je me suis senti des plus privilégié notamment lorsque Esther Gaudette et Clara Furey ont offert leur morceau de danse. Même moment de grâce lors des quelques tours de chants qui étaient proposés. Et la rage de dire qui jaillissait de chacun des lecteurs m'a transporté. Ce serait bien que cette aventure se poursuive car il y a là quelque chose, c'est certain.

mercredi 30 mai 2007

Petite escale

Suis de retour ! Pour une dizaine de jours le temps d'embrasser les enfants et leur maman, de répondre au courrier et de tondre la pelouse. Ensuite direction Zurich, Suisse, où la Trilogie des Dragons sera présentée à la mi-juin.

Notre séjour à Châlons-en-Champagne fut des plus agréable. Nous n'y sommes allés qu'une semaine le temps de jouer deux représentations mais l'accueil à la Comète, le théâtre national, l'accueil des spectateurs et aussi celui des habitants de Châlons en général était super. Toute cette dépense d'énergie en aura donc valu la peine.

vendredi 18 mai 2007

Châlons-en-Champagne, me voilà!

Je serai à Châlons-en-Champagne, France, la semaine prochaine. J'avoue que je suis quelque peu ébranlé. Je n'ai pas réussi à obtenir beaucoup d'information sur cette ville. Ni adresse de resto, ni idée de ce qu'il y a à visiter. Le Routard ne se rend pas là on dirait et, à part une amie qui y est passé il y a quelques années avec un show pour enfant et qui n'a fait que boire du champagne, je ne connais personne qui s'y soit allé.

Si un quelconque lecteur connaît quelqu'un dans le coin là-bas qui connaît quelqu'un a un cousin français, un vrai, qui voudrait montrer ce coin de pays à un Québécois en visite, j'apprécierais qu'on nous mette en contact. Autrement, je sens que je vais encore errer sans but dans une ville étrangère et ça j'ai appris d'expérience que ce n'est pas mon fort...

mercredi 16 mai 2007

La fraction de mon cerveau

Actuellement, je partage mon temps et fractionne mon cerveau en trois projets.

1. De nouveaux ateliers de création au Théâtre Niveau Parking. Notre objectif : proposer en 2008-2009 un nouveau spectacle collectif qui tentera de concilier le style délicat et plein d'humour de Lentement la beauté avec la densité dramatique et les grands thèmes filiaux abordés dans Les Mots fantômes, notre création suivante. Nous en sommes à l'éboration d'un canevas autour duquel nous improviserons. Pour l'instant il est question de labyrinthe et de noosphère... Où cela nous menera-t-il ?...

2. J'ai reçu les textes que je défenderai à la soirée de poésie de Loui Maufette au début juin. Coup de coeur pour le franco-ontarien Patrice Desbiens. Je devrai faire aller la machine à apprendre des textes car c'est quand même dans deux semaines, ça... Je vais à Montréal vendredi pour rencontrer la gang et m'imprégner de l'ambiance.

3. Je devrai dans les prochaines heures me replonger dans La Trilogie des Dragons que nous reprenons en France la semaine prochaine après 1 an et demi d'arrêt. Je l'ai fait une soixante de fois et je ne suis pas angoissé par cette reprise mais quand même... Faut s'y mettre.

Voilà donc les raisons qui ont fait que j'ai un peu moins bien dormi la nuit dernière. Il faut en plus que je retrace mon foutu numéro de Aéroplan car, avec mes 4 allers-retours en Europe d'ici octobre j'ai le feeling que ça pourrais me donner un petit quelque chose au bout...

Je me suis endormi hier sur le film "Caché" de Michael Haneke, parfait pour prendre conscience qu'on est crevé à 22h00 le soir. J'ai quand même eu le temps de me poser la question suivante : est-ce que Daniel Auteuil est un chic type dans le vie ? C'est un méchant bon acteur et il me semble que ça me rassurerait de savoir qu'il ne fait pas trop de conneries et qu'il n'est pas trop chiant... Un genre de modèle quoi...

mercredi 9 mai 2007

Un petit coup de moppe !


Je savoure quelques jours de vacances cette semaine. C'est un pur délice. J'ai eu l'occasion de travailler énormément cette année sur divers projets tous plus stimulants les uns que les autres et j'ai le sentiment du devoir accompli, mais je suis quelque peu essouflé et en bout de course. Je me permet un petit récapitulatif, tiens, question d'archiver tout ça.

L'année a débutée à l'automne 2006 quand j'ai joué dans l'adaptation théâtrale de "On achève bien les chevaux" réalisée par Marie-Josée Bastien. Cette production sera en tournée à travers le Québec à l'automne 2007. Ai enchaîné ensuite avec le projet fou et risqué, "Glengarry Glenross" de David Mamet à Premier Acte (m.e.s. Frédéric Dubois) ; j'étais le doyen du groupe donc je jouais Bill Lépine "La Machine", ce que faisais Jack Lemmon dans le film... Ai poursuivi avec une grosse semaine (8 shows !) de "En attendant Godot" à Ottawa ; j'y joue Lucky et serai en tournée à l'hiver 2008 avec ça. Au Trident, cet hiver, j'ai joué dans "Les Mains sales" de Jean-Paul Sartre. Puis dans "Lentement la beauté" à la Salle Denise-Pelletier à Montréal, puis dans "Le Psychomaton" jusqu'à la semaine dernière. Les projets qui s'en viennent : "La Trilogie des Dragons" à Châlons-en-Champagne à la mi-mai, puis à Zürich en juin et à Moscou en juillet et "Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent", soirée de poésie concoctée par Loui Maufette et présentée au Théâtre d'Ailleurs à Québec au début juin.

Voilà, ça fait du bien de regarder un peu en arrière et de se figurer ce qui s'en vient. À défaut de trouver un sens à toute cette dépense d'énergie, je peux mieux savourer ce repos printannier. Et puis après tout, c'est bien la seule façon honnête que j'ai trouvée pour gagner ma vie.

Allez! Un autre petit coup de moppe pour la suite !

jeudi 3 mai 2007

Le Psychomaton

Après Lentement, la beauté, me voici impliqué dans une nouvelle création : Le Psychomaton (www.psychomaton.com) produit par le Groupe Ad Hoc et présenté ce printemps au Théâtre Périscope à Québec. Avec cette charmante pièce écrite par Anne-Marie Olivier, nous frôlons là-aussi le succès d'estime tant au niveau de la fréquentation de la salle qu'au niveau de l'accueil critique et public du spectacle.

J'observe des similitudes entre ces deux productions printanières pour lesquelles je n'aurai été qu'un interprète, mais dans lesquelles je me serai quand même drôlement impliqué. Il y aurait peut-être un genre propre au théâtre de création à Québec et qui pourrait chapeauter bon nombre d'autres productions douces-amères proposées ces temps-ci au public de la Capitale. Nous offrons, il me semble, un théâtre de proximité, populaire sans être avilisant, un théâtre du quotidien né vraissemblablement de nos préoccupations de citoyens confortables et pourtant mal-à-l'aise à l'abri de bons nombres des dangers qui menacent d'autres groupes humains ailleurs dans le monde. Un théâtre fait d'humilité et de compassion, d'où émergent les grandes remises en question de l'existence et où chacun y trouve son compte.

Plusieurs spectateurs qui auront vu l'une ou l'autre de ces productions nous confieront qu'ils souhaiteraient renouveler l'expérience le plus souvent possible. Personnellement, je compte bien leur en donner l'occasion à nouveau et je continuerai à m'impliquer dans ce genre de production qui, bien que présentée une quinzaine de fois, peuvent avoir des répercussions majeures dans un avenir rapproché. J'en reparlerai.

vendredi 23 mars 2007

Lentement, la beauté


Je suis à Montréal depuis une semaine maintenant. Nous y présentons la pièce Lentement la beauté. En 2003 les membres du Théâtre Niveau Parking (www.theatreniveauparking.qc.ca) offraient au public de Québec cette création collective, fruit de longs mois de travail et de nombreuses heures d'improvisation. L'accueil fut enthousiaste de sorte que 4 ans plus tard, après avoir visité l'ensemble du territoire québécois et s'être produit près de 100 fois, nous nous sommes reinstallés à Montréal pour cette série de représentations.


Nous nous produisons cette fois-ci au Theatre Denise Pelletier (www.denise-pelletier.qc.ca), pour moitié devant des groupes d'étudiants de niveau secondaire. Et là encore, l'accueil est formidable. Les deux avants-premières jouées cette semaine nous ont encore prouvé que nous ne nous étions pas trompés avec cette création. La "run" de spectacles devrait être des plus agréable d'autant qu'elle coïncide avec le printemps qui s'installe. Je suis fleur bleue ? Pourquoi pas. On n'a qu'à lire le message qui précède pour constater que je ne n'ai pas tout à fait l'impression de vivre sur un nuage...


Restons positifs. Restons positifs... restons positifs. Et continuons de célébrer, lentement mais surement... LA BEAUTÉ.

mercredi 14 mars 2007

L'enlisement

Ma pauvre nation, le Québec.

Je suis citoyen d'un pays travesti en province, endormi, scéloré, kapout qui élève l'ignorance et la bêtise au chapitre des vertus. Il ne fait pas bon penser et réfléchir en ce pays. Mieux vaut geindre et se vautrer dans l'immobilisme et l'ignorance. Craindre et se terrer en attendant la catastrophe, ce jour où nous constaterons que nous n'existons plus en tant que nation progressiste, ouverte et culturellement développée mais plutôt que nous restons une nation obscurantiste, frileuse et incapable de percevoir et de célébrer les vertus de l'Homme.

Je ne peux m'empêcher de m'exprimer aujourd'hui sachant de toute façon que je prêche dans le désert, sachant que ma parole ne vaut pas grand chose et, honnêtement, je préfère presque n'être pas entendu sachant qu'il ne fait pas bon avoir des idées aujourd'hui à moins que ce ne soient celles qui pullulent sur les ondes des radios poubelles de la Capitale.

Je réalise, en plein campagne électorale provinciale, que tout est presque perdu et j'attends ce jour où mes concitoyens nous diront : " la culture, on en a rien à crisser". Ce jour-là, qui ne m'apparaît plus être très loin, je partirai, emmenant avec ma famille avec moi et nous chercherons une île déserte ou une méga-ville branchée sur l'avenir pour nous réinstaller. Car j'ai la triste impression que mon pays s'enlise pour de bon.

mardi 13 février 2007

Les mains sales, la fin

Les représentations de Les Mains sales se sont terminées samedi dernier, le 10 février, alors que, au dehors, le Carnaval de Québec battait son plein. Je suis très satisfait du résultat, particulièrement de la fréquentation qui n'a cessé d'augmenter au fil des représentations. J'avoue cependant que la dernière semaine m'a confirmé ce que je croyais, à savoir qu'une discipline physique s'impose lorsqu'on reste en scène presque 3h durant. J'étais hônnetement bien amoché vers la fin. J'espère que mon jeu n'en a pas trop souffert.

C'est toujours spécial de clore les représentations d'un show sur lequel on a aimé travailler. Peut-être étais-ce l'équipe, particulièrement bien soudée, la pièce, particulièrement bien écrite ou le public, souvent jeune et généreux, toujours est-il que les adieux à cette scène furent plus difficiles que d'habitude. L'envie demeure de se produire alors que désormais le soir je reste chez moi. Le beau côté de cela, c'est que j'aurai l'occasion de voir un peu plus mes enfants et mon épouse qui se débrouille un peu trop souvent sans moi. Et puis, j'enchaîne sur de nouveaux spectacles au printemps. Et je commence à préparer mon voyage en Europe cet été : à Châlons-en-Champagne, Zürich et en Italie du Nord...

samedi 3 février 2007

Le malaise du politique

Hier, deux politiciens, deux députés du parlement provincial, l'Assemblée nationale du Québec, ont assisté à notre représentation de Les Mains sales. Sur l'invitation d'un des acteurs, ils sont venus nous saluer dans les loges après la représentation. De mon souvenir, je n'ai jamais rencontré de spectateurs plus déconnectés, plus condescendants, visiblement embarassés d'avoir à partager leurs impressions avec des gens qu'ils ne connaissaient pas, en l'occurence un groupe d'acteurs savourant la fin d'une nouvelle représentation.

Je crois que c'est le lot de nos politiciens de ne pas se sentir concernés. Doit-on les excuser de ne pas être en mesure de gérer leur popularité, souvent imméritée ? À force de jouer sur tous les tableaux, ils semblent s'être dit que le mensonge est la norme et qu'il ne sert à rien d'user de modestie ou de franchise. Ils nous ont parus misérables car ce sont, parole de connaisseur, de très mauvais acteurs.

Je repense à ce vieil ami avec qui j'avais étudié au Conservatoire d'Art Dramatique de Québec et qui, quelques années suivant la fin de nos cours, s'était présenté comme candidat aux élections provinciale sous la bannière adéquiste (droite provinciale). Aux dernières élections, il a fait un score plus qu'honorable et l'envie me prit alors de l'appeler pour l'en féliciter. Le "discours" qu'il me tint alors m'apparut tellement impersonnel qu'il semblait provenir d'un enregistrement ("oui, nous avons travaillé très fort... je tiens à remercier les bénévoles du comté pour leur support... nous poursuivrons le travail malgré tout..."). C'est quelque peu effrayé par ce soudain retournement de personnalité que je raccrochai. Enfin, lui et moi nous avions souvent fait la galère à l'époque et je le tenais pour un bon bougre, plein d'humour et ouvert d'esprit. Ah ce que peut faire la politique...

Au Parti Québécois (parti provincial nationaliste), le chef, André Boisclair, est coincé avec son propre problème d'image. En fait, ce qu'on aimerait voir de lui, c'est tout autre chose que ce qu'il nous donne à voir. Est-ce possible de rencontrer un politicien vrai, simple, modéré et tolérant, courageux, audacieux et proche des gens ? Celui-là, il aura beaucoup de chemin à faire surtout s'il compte dans ses fréquentation nos députés-spectateurs de la veille...

vendredi 2 février 2007

Les chevaliers

Hier, en après-midi, nous nous sommes produits devant une salle remplie d'étudiants de niveau secondaire, des jeunes de 15 à 17 ans issus, pour la grande majorité, du secteur de l'éducation publique. Il faut savoir que la pièce Les Mains sales est une oeuvre phare du théâtre politique de l'après-guerre. À l'époque, elle avait suscité bien des remous au sein de l'intelligentsia communiste française. On reprochait à Jean-Paul Sartre d'avoir écrit une pièce anti-communiste car l'action jusqu'auboutiste et l'usage de la violence à des fins révolutionnaires y semblaient remis en doute.

À Québec, en 2007, c'est un débat qui n'a évidemment pas lieu. Seulement, le seul fait de programmer ce spectacle et donc de présenter sur scène un débat d'idée qui va bien au delà des clivages entre factions communistes en s'attardant d'abord et avant tout sur l'idée d'engagement, c'est aussi, en soit, un acte de bravoure politique. Et d'engagement donc. Nos jeunes adolescents ont adoré pour notre plus grand bonheur. On pourrait croire aujourd'hui qu'ils seront tout à fait capables, tel Hugo Barine (personnage central de Les Mains sales), de s'investir totalement, honnêtement et fidèlement et, qui sait, de s'inventer par là un nouvel esprit chevaleresque.

mercredi 31 janvier 2007

La visite du requin-lézard

Récemment un requin-lézard, s'est aventuré hors des des fosses abyssales du large du Japon. Quelle drôle de bestiole. Sachant qu'elle n'en avait plus pour longtemps, elle était venue frayer à la surface. Ce qu'elle ignorait visiblement c'est qu'elle serait capturée, qu'une vidéo serait prise d'elle et qu'elle finirait la gueule béante sur un tapis. À mon humble avis, elle aurait mieux fait de rester chez elle à 1000 m de profondeur à se pourlecher de calmars et autres congénères. Quelle idée aussi d'aller voir le monde quand on est si laid...

Mon autre passe temps, à part de m'inquiéter du sort des créatures sous-marines, c'est mon métier. Je suis acteur de théâtre. Ma vie consiste en un jeu continu, tiraillé que je suis entre les apparences et la vérité crue. Plein de faux-semblants, oui, mais j'y met du coeur car j'aime la vie.

Je travaille actuellement sur une production intitulée Les Mains sales et écrite par Jean-Paul Sartre il y a de cela une soixantaine d'années. J'y interprète le rôle de Hugo, un jeune anarchiste bourgeois aux prises avec la difficile mission d'abattre le chef d'une faction rivale dont il s'est lié d'amitié. Voilà pour le tiraillement. Nous jouons au Théâtre du Trident à Québec jusqu'au 10 février et l'accueil du public est très enthousiate.
http://www.letrident.com

Hier soir, notre metteur en scène, Marie Gignac nous disait au revoir. Elle quitte pour Newcastle-upon-Tyne où elle travaille sur la nouvelle création du créateur et metteur en scène Robert Lepage présentée là-bas le mois prochain. Nous en avons profité pour lui faire une petite fête bien arrosée. La tequila était bien bonne merci... À -25° C à l'extérieur, c'est tout ce dont nous avions besoin.

mardi 30 janvier 2007

D'abord, pourquoi...

PGRA, un acronyme pour Petit Geste de Résistance à l'Abrutissement ou pour Pas trop GRAs si vous etes trop sensible.

Mon idée, c' est de participer à ma manière, à la discussion. À force de gueuler dans le vide, on peut avoir la dangeureuse impression de perdre la raison...

J'ai écrit une lettre d'opinion au début de l'année. Elle fut publiée dans le Soleil, un quotidien de Québec. Comme j'y insultais quelqu'un, un peu malgré moi je l'avoue, j'ai eu peur de m'être trompé. Serais-je fiché dorénavant pour cette prise de position ? Bien que vivant dans le "plusse beau pays du monde", notre Canada, il y a des histoires d'horreur qui me reviennent en mémoire, de ces gens qui osant dire le fond de leur pensée ou plutôt constatant que leur pensée ne leur serait d'aucune utilité autrement, se retrouvent en plein cauchemar. Au Soleil, on a rogné cette lettre à l'envie ; n'y demeurait plus qu'un tas de propos mal agencés.

Faites que pour cette page, je sois le seul à me relire. C'est tout le blog, ça, non ?

Hier, mon fils de 4 ans a vu des gens morts à la télévision. Des morts violentes. Nous étions en Israël et des kamikazes s'étaient fait sauter emportant avec eux des familles entières. Des survivants pleuraient. Il m'a demandé : "Pourquoi ils pleurent ?". Je lui ai répondu, d'un ton outré : "Parce que c'est la guerre! C'est ça la guerre mon fils!" C'est comme si je lui en avait voulu de ne pas en avoir saisir l'horreur par lui-même, de ne pas en avoir ressentir les soubresauts dans le tréfond de son être. Et je pensais aux petits hommes de son âge, qu'on y voyait également, et qui, visés sur les épaules de leur père, scandaient des slogans de haine. Et je me suis consolé en pensant : "pour mon fils, c'est sûrement mieux ainsi".

C'est de moments comme ceux-là dont je veux témoigner.