dimanche 13 septembre 2009

À propos du Moulin à paroles, pouvons-nous affubler du terme de dangeureux agitateurs les gens qui en veulent aux nationalistes d'avoir initié cette célébration du mot et de la parole, réfractaires qu'ils sont à toute initiative d'appropriation du souvenir aussi modeste et authentique soit elle ? Oui, sans aucun doute. J'étais fier d'être de la centaine de lecteurs qui ont fait cette veillée de mots sur les Plaines d'Abraham cette fin de semaine. Je crains pour notre avenir sachant que chacun de ces mots murmurés, vitaux pour notre identité, fut enterré sous une tonne de cris sacrilèges proférés à la grandeur du pays. Honte aux enragés. Je les plains car cette étrange et futile colère les aveugle : ils ne savent plus où ils vont et s'inquiètent encore moins de savoir où nous irons tous ensemble.

Je me sens, célébrant la beauté et l'art au milieu d'un tragique naufrage, comme un de ces musiciens faisant parti de l'orchestre qui jouait au milieu des cris pendant que le Titanic sombrait dans les eaux noires de l'Atlantique...

jeudi 10 septembre 2009

Nous sommes dans le dernier droit pour la présentation de notre nouvelle création artistique au Théâtre Niveau Parking qui s'intitule Reconnaissance et qui sera présentée en co-production au Théâtre du Trident du 22 septembre au 17 octobre 2009. Après plusieurs séances d'improvisation et de mise en forme échelonnées sur deux ans, nous avons, sous la plume de Michel Nadeau, conçu un spectacle qui se veut fidèle à nos ambitions artistiques de compagnie, une pièce se positionnant entre notre plus grand succès de compagnie Lentement la beauté, auquel nous empruntons la fine ambiance et l'humour, et Les mots fantômes, notre autre création collective plus dramatique celle-là qui s'inspirait du Hamlet de Shakespeare dans sa trame narrative. Pour Reconnaissance, nous reprenons le même ancrage c'est-à-dire que nous nous servons de cette même oeuvre phare pour explorer à nouveau la quête moderne du sens, de l'être ou du non-être dans le Québec créatif d'aujourd'hui. Nous espérons profiter de la scène Octave-Crémazie et du généreux accueil du théâtre du Trident pour toucher un large public.

Entretemps, je me suis bien amusé à l'Espace Libre de Montréal dans notre reprise de Vie et mort du roi boiteux de Jean-Pierre Ronfard à la fin août. Mon personnage de Filippo Ragone dit le débile se véhiculant en voiturette électrique et s'exprimant par "Yeah!" épisodiques ou par quelques notes sorties de son tuba cabossé me convenait tout à fait. Autrement, en observant mes camarades de jeu, j'ai été vraiment impressionné par ce que le temps et l'expérience avait accompli sur chacun d'eux et la liberté nouvelle que nous nous sommes octroyée en reprenant cette oeuvre grandiose présentée sur huit heures quatre ans après notre dernière représentation. Comme quoi il n'est pas faux de dire qu'une oeuvre théâtrale a tout intérêt à se déposer en ses interprètes pour atteindre son entière plénitude. Il faut dire que le public qui est venu assister aux spectacles était particulièrement généreux et nous donnait beaucoup de ce dont nous avions besoin. Ce sera un excellent souvenir que ce Roi boiteux.