mercredi 27 août 2008

Elvire Jouvet 40

Dès le 9 septembre le Théâtre Niveau Parking, la compagnie de théâtre dont je suis membre depuis quelques années, proposera au Théâtre Périscope une lecture toute intime des leçons que Louis Jouvet (pédagogue et homme de théâtre français) proposait à ses élèves en art dramatique à Paris autour de 1940. Ces leçons sténographiées d'abord par une proche collaboratrice ont servi de matériel à la metteur en scène Brigitte Jaques pour ce spectacle qui s'intitule "Elvire Jouvet 40" en référence à la deuxième scène de Elvire de Don Juan qu'y fait travailler monsieur Jouvet.

Lorraine Côté, notre metteur en scène, a mis tout son talent et sa sensibilité au service de cette oeuvre avec Michel Nadeau et la jeune et talentueuse actrice Marianne Marceau comme interprètes. En assistant à leur travail, on déguste un bonbon à la recette particulièrement savante ; parfois acide souvent douces, les émotions vécues sont multiples et le sujet nous passionne réellement. J'ai l'honneur de compléter la distribution avec l'acteur Israël Gamache. Présenté jusqu'au 4 octobre.

vendredi 22 août 2008

Sur la banquise

Je lis cette semaine le dépit dans lequel se trouvent les élites politiques souverainistes québécoises et qui les amènent à ne plus savoir par quel bout de la lorgnette prendre LA question pour être bien compris d'une majorité de citoyens. Je comprends leur désaroi lorsqu'on fait l'exercice de chiffrer l'appui populaire au projet d'indépendance. Une vraie patinoire fissurée de partout. De grands trous d'eau dans lesquels s'engouffre le fait anglais. Quelques naufragés épuisés sur leurs bouts de banquise. Quelques fleurdelisés faméliques qui battent au vent violent de la mondialisation. La souveraineté ne sert même plus d'atout publicitaire. Et les athlètes de chez nous concourrent sous un drapeau qu'on s'efforce, avec une bonne part de succès, de sublimer pour donner à la leurs remarquables performances tout le poids qu'elles méritent.

Le seul drapeau québecois dont on se sera servi pour les campagnes publicitaires qui jalonnent les compétitions olympiques aura été vu sur une séquence de 1/3 de seconde pour une publicité du quincailler Rona et encore aura-t-on pris soin de le laisser en noir et blanc pour ne pas risquer de laisser battre nos coeurs sous d'autres couleurs que les blanche et rouge unifoliées. Et ce n'est qu'en voyant hahanner nos althérophiles sur leurs barres à l'entraînement qu'on aura pu se délecter, à Radio-Canada, de quelques drapeaux québécois oubliés en arrière-plan. Bravo les filles soit dit en passant pour vos belles performances à Pékin!

Bien sûr, je suis fier de constater que la moisson de médailles canadiennes aura été ce qu'elle est. En ce sens, c'est un honneur pour moi d'être citoyen de ce pays car il s'agit sans nul doute d'un des plus beaux et des plus grands et des plus honorifiques État de la planète. Je n'en nourri aucune animosité et aucun regret. Cependant, je continue à penser que la seule façon de croire en la pénénité d'une portion suffisante de Québécois parlant le français est d'offrir à ceux-ci un cadre politique et légal s'apparentant à ce qu'est, en ce monde, un État souverain. Sinon cette portion de Québécois s'exprimant en français disparaîtra inexorablement et cela se fera très rapidement, j'en ai bien peur. Avec la banquise.

jeudi 14 août 2008

La saignée au Patrimoine


En entrevue cet été, j'ai dû justifier certains commentaires écrit précédemment sur ce blog, commentaires qui révèlent mon engagement moral de citoyen. Cela m'a fait réfléchir encore une fois. Je ne me considère pas comme une personnalité publique encore moins comme un polémiste, mais il est certain que tout ce qui fut écrit ici ne s'effacera pas et n'engagera toujours que moi. Ainsi, ma virulente réaction suite à l'élection des adéquistes à l'opposition officielle aux dernières élections provinciales ou encore quelques "révélations" anodines sur mon compte écrites ce printemps (le précédent message). Le titre même du blog "Petit Geste de Résistance à l'Abrutissement" en dit toujours long sur mes ambitions premières. En tant qu'artiste, il faut bien se mouiller un peu et, à défaut d'un retentissant "j'accuse!", je me contenterai d'un tout petit "j'assume..."

À ce titre, la vénérable Josée Verner et le gouvernement de rétrogrades qui gouvernent notre pays font cette semaine un tort incroyable à la Culture et je ne cite pas notre si fragile culture québécoise, je parle de la Culture globale, planétaire, celle à laquelle nous nous devons de toujours nous référer en premier lieu. Au beau milieu des Jeux Olympiques d'été - qui révèlent d'abord toute l'hypocrisie du régime chinois et la déconcertante absence de volonté de vaincre des athlètes canadiens (mais voilà d'autre sujets pour de futures polémiques) - on annonce de sanglantes coupures dans de multiples programmes de subventions aux artistes cherchant à s'exporter ou qui entretiennent déjà un réseau à l'international. Aucune discipline n'est épargnée. Pour l'état conservateur, ce ne sont que quelques dizaines de millions. Pour les artistes, c'est la fin d'une multitude de projets d'avant-garde qui sont autant de cartes de visite à l'étranger.

Ayant eu la chance de participer à La Trilogie des dragons de Robert Lepage, l'un des créateurs directement touchés par ces coupures, une constatation est née de ces tournées qui nous on menées de Zagreb à Lisbonne en passant par Londres, Hambourg, Bergen, Paris, Berlin et Madrid après un détour en Océanie. Notre spectacle était un incroyable passeport, une mémorable carte de visite pour tout ce qui fait encore la spécificité de la culture canadienne métissée de la québécoise. Nous étions fiers, en tous ces endroits, de parler, de chanter et de danser de cette manière, notre manière. Et les publics d'ailleurs devinaient, préssentaient, ce qu'était notre réalité et en quoi elle nous émouvait. Exit tout cela. Ben... merci monsieur Harper, madame Verner.

N'a-t-on pas raison de s'en faire à élire ces obtuses personnes ? Et qu'annonce la suite ?...