samedi 29 décembre 2007

Show d'vaches

J'ai participé hier soir au désormais classique Show d'vaches au Beach Club Paradise qu'une vingtaine de comédiennes, musiciennes et conceptrices présentent dans le temps de Noël au public de Québec. Elles font leur tournée d'adieu cette année et, contrairement aux années précédentes où elles recevaient des filles comme invitée spéciale, elles ont cru bon, cette année, d'inviter des gars, un par soir, à venir broutter dans leur pré. Une invitation impossible à refuser. À mes risques et périls je doit l'admettre, car, faisant fi des difficultés techniques, je me suis lancé dans une inteprétation spontanée du Ma préférence que Julien Clerc a popularisée jadis. Il semble que j''ai gagné mon pari puisque ma chérie a été conquise. Je m'étais organisé aussi pour que ma fille - que plus rien n'impressionne du haut de ses 7 ans - l'accompagne. Tout est allé de soi pour elle également.


Il est bon de se souvenir que ce spectacle est une des plus belles réussites. Du jamais vu. Tantôt émouvant, tantôt complètement déjanté, le spectacle donne l'occasion de faire un tour complet de la féminité et, profitant de cela, d'actualiser le sujet : le difficile engagement de la maternité, les amitiés complexes entre ces femmes, les défis qu'elles ont a relever aujourd'hui - travail, famille, les fantasmes qu'elles taisent, ceux qu'elles révèlent. À les voir, on se sent bien d'être un homme, non pas devant la complexité d'un tel tableau, mais plutôt parce qu'on comprend mieux pourquoi on les aime tant.


Bonne année 2008 à toutes les femmes de la Terre !

samedi 22 décembre 2007

Miss Belgique 2008 sait s'exprimer en français!

Allez ! Un peu de polémique ce matin. J'apprends qu'en Belgique, on s'offusque de constater que Miss Belgique 2008 ne parle que le français et qu'elle baragouine le flamand. On l'a même huée le soir de son élection quand elle fut incapable de s'exprimer dans la langue de... en flamand, quoi. Et après cela, on dit que la Belgique ne tourne pas rond qu'elle est en voie d'éclatement, on prétend même que cette jeune femme de 20 ans, charmante Alysée Poulicek, porte l'odieux d'être la dernière miss Belgique avant que ce pays ne se décompose tout à fait.

Le lendemain, je m'attarde sur le programme officiel (y en a-t-il un non-officiel ? comme si le mot "officiel" était aujourd'hui garant de tout succès) des fêtes du 400e de Québec. En introduction, le premier ministre canadien, Steven Harper, se délecte de constater que la langue française continue d'être parlée au Canada et que c'est à Québec qu'on la parle probablement le mieux. Il a vraisemblablement pris connaissance du dernier recensement canadien qui nous apprend - ô surprise - que la langue française s'érode tranquillement mais sûrement sur notre continent et que Montréal est désormais une ville à majorité anglophone. Lui-même - et n'oubliez pas qu'il est notre Premier Ministre et non pas la dernière Miss en date - ne s'exprime qu'approximativement en français. Qu'est ce que ce serait s'il fallait exiger d'une Miss Canada 2008 anglophone de naissance qu'elle sache s'exprimer en français ?! Je n'ose même pas imaginer que quelqu'un, quelque part, puisse ne serait ce que suggérer que ce serait une bonne chose... Chez-nous, à l'Assemblée Nationale, les parlementaires - opposition en tête - ont peine à s'exprimer en français - bien qu'ils aient été soit disant élévés dans cette langue...

La question de toute manière n'est pas de savoir si le français disparaîtra du Québec un jour mais bien quand. Notre langue, même dans sa forme la plus archaïque, disparaît grossièrement de notre territoire et ce qui est le plus déplorable, c'est que cela ne fait ni chaud ni froid à la grande majorité d'entre nous. Moi, je m'attriste lorsque j'apprends qu'une langue vient de disparaître car son dernier locuteur s'est éteint dans une lointaine île de Micronésie alors imaginez ce que je ressens lorsqu'il s'agit de la mienne et que je m'efforce de la parler correctement.

Je vais me mettre au Néerlandais immédiatement pour ne pas être pris de court advenant le cas où... Et joyeux Noël et bonne année 2008 à tous les Flamands ! ...

mardi 11 décembre 2007

Ma lettre intégrale

Voici le texte que j'aurais aimé que le magazine l'Actualité publie pour la parution du numéro spécial Québec. On m'avait demandé d'écrire une "lettre à Québec" qui pouvait être une lettre d'amour, de bêtises, de réconciliation, name it. J'ai opté pour le ton d'une lettre écrite à une bonne amie, très bonne amie, pour laquelle on ne souhaite que du bien.

Dans ce numéro spécial de l'Actualité, ma lettre, coupée de moitié, sonne un peu étrange. J'ai l'air enragé. Le choix du titre : "Tu mérites mieux!" fait plutôt agressif alors que tout cela avait été écrit avec le sourire. En fait, j'ai un peu l'impression que la rédaction de l'Actualité voulait me faire dire quelque chose - que Québec est dure pour ses artistes, par exemple - mais n'y arrivant pas, elle a rogner ma lettre comme elle le pouvait. À côté de ce qu'a écrit Jean Soulard pour ce même numéro, je passe pour un dangereux insatisfait alors que mon objectif premier était de rappeler aux lecteurs que nous avons de la difficulté à garder les étrangers chez-nous au moment même où cela devient un débat de société majeur et un cruel constat pour notre charmante ville.

"Québec,

Récemment, j’étais à Lisbonne avec La Trilogie des Dragons, ce spectacle-fleuve de Robert Lepage qui a fait le tour du monde 5 fois plutôt qu’une. En cette mi-octobre, j’arpentais doucement cette ville splendide et pleine de vie, sise aux confins de l’Europe. Cette capitale jouit d’un charme certain et, sous des allures populaires, demeure étonnemment respectable et disciplinée. Tu comprendras qu’il m’en aurait fallu de peu pour m’y perdre un moment et t’oublier. Mais non, une fois encore, tu as su me retenir et je suis sagement rentré chez moi.

Je suis attaché à toi. Est-ce parce que j’ai grandi à ta périphérie, dans la côte de Cap-Rouge alors que cette banlieue n’était qu’un village tranquille blotti dans une vallée ? Pour autant que je me souvienne, mes journées se résumaient à quelques jeux distraits avec mon voisin d’en face, Nelson, un bon Portugais justement et plutôt costaud. Son grand-père distillait un puissant alcool maison – peut-être de la ginginha, cette délicieuse liqueur de cerises qu’on avale à la sauvette. Ces effluves d’alcool m’habitent encore et me manquent. Un jour, Nelson et sa famille, à ma grande stupéfaction de petit garçon, t’ont quittée pour s’établir à Toronto… Pourquoi ? De mon côté, avec les années, je me suis lentement rapproché de ton centre et ce faisant, je suis devenu l’homme que je suis. J’ai rencontré ma femme, nous avons fait des enfants. Nos racines plongent profondemment en ton sol.

Tu me permets d’être franc ? Tu es belle, tu es belle comme pas une, mais plus le temps passe, plus tu fais vieille fille. Tu ne cesses de t’embellir pour les visiteurs de passage mais tu ne sais pas retenir ceux dont tu as besoin ! Sors un peu ! Change-toi les idées ! Il y a peu, on te voyait grande et pleine d’ambassades. Aujourd’hui, tu te rassois bien sagement et tu te ponponnes en attendant de savoir si, un jour, quelques avions viendront survoler ton bout de fleuve en une course ultra-sponsorisée… Tu mérites mieux que cela ! Ne te fâche pas. Quand tu te fâches tu n’es plus jolie du tout. Et je sais qu’il y a des gens formidables qui travaillent à te rendre belle.

Mais si tu as envie d’un peu plus et comme je suis follement épris de toi, j’ai un défi à te proposer. Il existe des villes dans le monde qui sont comme des phares pour l’humanité, des endroits dont on rêve la nuit, des villes où quelque chose semble s’être produite un jour et qui sont comme enveloppées d’une délicieuse chappe de bonheur. Ces lieux font l’envie de tous et je suis persuadé que tu as tout ce qu’il faut pour en être. J’ai plein de gens à te présenter, d’ici et d’ailleurs: des artistes, des gens de coeur et d’âme faits pour cette besogne. Tu serais surprise car, pour peu, ils savent faire bouger bien des choses. Tu as envie ?"

Vive le blog ! Y'a rien comme le blog !

mardi 4 décembre 2007

Mon automne

Cela fait plus de trois mois que je ne me suis pas exprimé sur cette page. C'est long trois mois. Une saison entière. Que m'est-il arrivé durant ces longs mois d'automne ? Peu de choses en fait. J'en ai passé la plus grande partie en tournée, d'abord avec la Trilogie des Dragons à Lisbonne en octobre puis avec On achève bien les chevaux en tournée au Québec jusqu'à tout récemment. D'ailleurs, je n'ai pas eu l'occasion de remplir de feuilles mortes nos cinquante sacs annuels et je reviens à la maison avec cinq pieds de neige de tombée... déjà. Les miens m'ont beaucoup manqués et si je ne me retenais pas je crois que je m'enfermerais chez moi pour les trois prochains mois pour savourer une fois encore toutes ces saveurs qui font mon quotidien.

Lisbonne, c'est superbe ! C'est une ville de la grosseur de Montréal, mais déjà beaucoup plus humaine. Pas de centre-ville, mais plusieurs petits quartiers tous différents : l'Alfama populaire et pentu, le Bairro Alto, perché là-aussi, un quartier où l'on ne se couche jamais, le Rossio avec ces petites artères rectilignes et ses grandes places... Impressionnant. Les Portuguais sont adorables, gentils comme tout et le coût de la vie est très bas pour un pays européen. En plus, comme touriste, on a plus de chance de se faire comprendre si on parle le français que l'anglais, ce qui est plutôt rare. Seul bémol, le peu de spectateurs qui ont assistés à nos représentations. Un peu ridicule en fait de fournir tous ces efforts pour une poignée de gens...

Quant à la tournée québécoise de On achève bien les chevaux co-production Théâtre Niveau Parking et Les Enfants Terribles, elle fut éreintante quoique très bien organisée. Éreintante car nous avons parcouru le Québec presque en entier : nous sommes montés jusqu'à Sept-Îles après être passés, entre autre, par New Richmond et la banlieue de Montréal. Beaucoup de spectateurs ont assisté au 17 représentation jouées au cours de cette tournée et n'eut été de la blessure subie par l'une des actrices à Longueuil vendredi dernier, blessure qui nous a forcé à annuler notre dernier spectacle à Mont-Laurier lundi, nous aurions connu un sans faute. Nous amorçons demain une dernière série de représentations au Périscope à Québec là où nous avions crée le show l'automne dernier.

Voilà pour la mise à jour.

Je reviendrai bientôt avec l'intégralité du texte que m'a commandé le magazine l'Actualité-Rogers pour les 400 ans de Québec. Ce texte, on l'a amputé de moitié à sa parution la semaine dernière dans le numéro souvenir sur Québec. Il m'apparaît important, ici, de le remettre dans son contexte.