mardi 23 décembre 2008

Exit Cyrano

Cyrano de Bergerac est maintenant terminé. Quelle belle aventure ! D'abord l'équipe d'acteurs et d'actrices qui m'ont entouré là-dessus : des gens de métier, généreux et talentueux à souhait, qui étaient toujours là pour m'encourager quand je me sentais un peu moins en forme. Ensuite, le spectacle comme tel, tellement agréable à rendre et vraiment bien rodé même si, jusqu'à la fin, les notes de jeu du metteur en scène étaient encore nécéssaires afin de l'améliorer. Qui sait s'il y aura une autre nouvelle tournée du spectacle en 2009 ? On en attend la confirmation du Théâtre du Trident, mais je l'espère bien.

Ainsi s'achève donc l'année 2008 qui fut particulièrement achalandée. Je m'en souhaite un peu moins, en fait, pour 2009 même si le début d'année s'annonce lui aussi mouvementé. Nous verrons. Chaque chose en son temps. J'aime tellement être sur une scène et jouer que j'ai peur de m'ennuyer mortellement le jour où tout cela s'arrêtera.

Joyeuses fêtes à tous et à toutes et bonne année 2009 !

jeudi 11 décembre 2008

...et de 50 !

Nous avons dépassé le cap des 50 représentations de Cyrano de Bergerac, ici, à Ottawa. Le travail de conquête reste le même : titanesque, à recommencer soir après soir. J'avoue que cela peut être épuisant à la longue et qu'il peut être difficile à mener. C'est que le public qui assiste à une représentation de Cyrano de Bergerac a de telles attentes ! À Québec, c'était plus simple car le public du Trident avait dans sa majorité une petite idée de la manière dont le show serait rendu : la plupart des spectateurs m'avaient déjà vu jouer et savait un peu à quoi s'en tenir. En tournée, c'est tellement différent ; parce que je ne suis pas un acteur réputé, parce que je n'ai que 35 ans et parce que ce rôle paraît, à prime abord, conçu pour des acteurs à l'ego autrement plus affirmé, la perplexité est de mise. Et cela m'épuise un peu. Ceux qui accepteront d'emblée de s'en remettre à notre sincère équipe n'y verrons que du feu, mais certains demeureront avec ces idées préconçues et cela semble peine perdue. Sans parler des groupes étudiants au sein desquels certains éléments ne se gènent vraiment pas pour éructer ou nous bailler en plein visage. Je vais avoir besoin d'un peu de repos pour laisser retomber tout cela car la fatigue - physique et psychique - commence à se faire sentir sérieusement.

dimanche 23 novembre 2008

Entre quatre chaises

Nous venons à peine de revenir d'une bonne portion de tournée. Nous avons rencontré des publics forts différents allant de ceux reconnaissants et spontanément enchantés que nous nous soyons déplacés si loin (Saguenay ou Sept-Îles) à des publics plutôt sceptiques d'apprendre qu'une gang de Québec sans acteurs connus (i.e. n'évoluant pas à la télévision) avait réussi à monter sans trop de concession ce monument de la dramaturgie qu'est Cyrano de Bergerac. Tel fut le cas à Longueuil même si notre spectacle - du moins dans sa version pour adulte - m'y a semblé particulièrement réussi.

La pause de deux semaines fera du bien à l'ensemble de l'équipe. À ceux qui, comme moi, ont deux petits "moxes" à la maison et aux autres qui entretiennent des vies sociales actives ici, à Québec. Nous complèterons finalement notre tournée 2008 par la diffusion du spectacle à Ottawa, chez Wajdi Mouawad, au Centre National des Arts. Cela promet.

De mon côté, j'enchaîne donc avec Le Psychomaton. La première est mercredi prochain. On m'annonce qu'il reste de bons billets et je ne saurai trop vous recommander de venir assister à l'une ou l'autre de nos représentations. C'est un très bon ce spectacle, une création originale et croustillante.

Sinon, je termine l'apprentissage du texte de Tesman dans Hedda Gabler de Henrik Ibsen présenté en janvier au Théâtre de la Bordée et je débute celui de Donatien Marcassilar dans L'Asile de la pureté de Claude Gauvreau, présenté au Théâtre du Trident en mars prochain. Deux gros morceaux, bien différents, deux beaux problèmes en apparence insolubles dont j'ignore pour l'instant tous les tenants et aboutissants même si les répétitions de Hedda Gabler sont déjà bien entamées et que, sous la direction soignée de Lorraine Côté, nous en comprenons graduellement tous les enjeux.

Enfin, je suis très fier de l'honneur que l'on m'a fait la semaine dernière en me remettant le prix Paul-Hébert d'interprétation pour le rôle de Cyrano. Après le prix des Abonnés du Théâtre du Trident pour le même rôle et le prix de la critique remis à l'ensemble de l'équipe, je considère que nous avons été particulièrement gâtés jusqu'à présent par cette incroyable aventure.

vendredi 14 novembre 2008

Relooking!

J'en avais marre de voir sur cette page ma photo de casting ; j'y ai trop l'air de ce que je ne suis pas. Je préfère de loin cette charmante photo de mon ami Mario Villeneuve - vidéaste - où l'on me reconnaît en madame Rivard, cette vieille femme esseulée, personnage truculent parmi tant d'autres de la production Le Psychomaton de Anne-Marie Olivier, pièce que nous reprendrons pour deux semaines de représentations au Théâtre Periscope de Québec du 26 novembre au 6 décembre prochain. Même si nous avons obtenu notre part de succès à la création, l'option a été prise d'alléger la pièce d'une vingtaine de minutes et d'en simplifier la forme. Les superbes répliques de notre auteure n'en ressortiront que mieux. Relooking donc là-aussi.

La tournée de Cyrano de Bergerac va bon train. Après Montmagny mercredi (super accueil !), nous serons à Saguenay ce soir. C'est particulièrement stimulant de faire de la tournée dans l'est et le nord de la Province : les spectateurs y sont vraiment avides de propositions originales et ils sont particulièrement généreux. Cela donne toujours de belles rencontres et c'est un tantinet plus romantique que la grande banlieue asphaltée de boulevards de Montréal...

Un bonjour tout particulier à Dario Larouche (lesclapotisdunyoyo2.blogspot.com) et à tous ceux qui l'accompagneront ce soir !

vendredi 31 octobre 2008

La tournée de Cyrano de Bergerac

Nous terminons présentement notre troisième semaine de tournée de la pièce Cyrano de Bergerac présentée d'abord au Théâtre du Trident de Québec dans une mise en scène de Marie Gignac en mars dernier. Nous sommes passés déjà par Trois-Rivières, Saint-Jean-sur-le Richelieu, Lasalle, Rimouski, Laval et Sherbrooke. Le défi est toujours le même : conquérir un public plus ou moins acquis et parvenir à l'émouvoir avec cette extraordinaire histoire d'amour. Dans la morosité automnale d'un entre-deux-élections sur fond de crise économique, Cyrano de Bergerac peut être l'antidote parfait.

Nos prochains arrêts se feront à Sainte-Thérèse ce soir 31 octobre, à Saint-Leonard dimanche soir, à Sept-Îles le 5 novembre, à Montréal-Nord le 9 novembre, à Montmagny le 12 novembre, à Saguenay le 14 novembre et à Longueuil le 21 novembre. Nous serons également à Ottawa du 9 au 13 décembre et terminerons cette glorieuse tournée par quelques représentations à Québec, les 16, 17 et 18 décembre.

Ce sera un plaisir de vous rencontrer en l'un ou l'autre de ces endroits.

jeudi 25 septembre 2008

Hara-kiri

Les gens de notre pays préférent s'en remettre à un politicien on ne peut plus ambigu tant dans l'image qu'il dégage que dans les propos qu'il tient dans une langue qui n'est pas la leur de surcroît plutôt que de se fier à l'ensemble de sa propre communauté artistique, des poètes aux architectes. On pourrait presque parler d'un hara-kiri collectif si ce terme exotique ne sous-entendait pas la mort. Mais il y a un peu de ça : on se débarasse de ses tripes pour ne laisser que l'enveloppe factice, inutile. La comparaison s'arrête ici car, dans cet acte cérémoniel, on a toujours reconnu la grandeur du geste, le courage insensé que nécéssite son propre étripage. Cela pourrait même être galvanisant. Ici, on ne devine que le mépris, le déni de soi et cela s'apparente beaucoup plus à quelqu'un se mettant la tête dans le four... Veuillez me pardonner ces images morbides mais c'est qu'elles me hantent présentement.

Sinon, tout va bien. Elvire Jouvet 40 amorce son dernier droit. Les critiques sont très bonnes, l'accueil également et il reste de beaux billets. Au Théâtre Périscope à Québec jusqu'au 4 octobre.

mardi 23 septembre 2008

On en parle plus d'abord

À propos des coupures. D'accord, on se la ferme. Mais vous ma belle gang, venez pas nous demandez après d'être drôles, d'être bons, d'être émouvants, d'être audacieux, d'êtres à l'écoute, d'être visionnaires, d'être polyvalents, de vous faire des belles voix à la radio, de vous faire des beaux sourires à la télé, de se mettre des costumes d'époque et de vous dire comment c'était dans le temps quand il n'y avait pas de séries made in USA pour vous divertir. D'accord on se la ferme et on vous les laisse, vos sous. De toute manière le Québec dont on rêve, c'est visiblement pas pour demain. Mais c'est sûr qu'on va continuer de jouer, on peut pas s'en passer et - misère ! - on vous rejoindra en troisième période quand il n'y aura rien d'autre à faire. De toute manière, on aurait bien de la difficulté à ne pas le faire ce métier car on l'aime vraiment et on croit - parbleu ! - qu'il est essentiel. Et pour ceux qui aiment se faire conter des histoires, sachez qu'on vous en contera toujours, en cachette s'il le faut. Allez, je me remet à l'apprentissage de mes textes maintenant...

jeudi 18 septembre 2008

Ouille, ouille, ouille

Mme Verner, lorsque le nouveau gouvernement conservateur sera élu le mois prochain, pouvez-vous tenter de trouver quelqu'un dans votre caucus pour qui la culture n'est pas inutile comme vous semblez le croire et, ceci étant fait, lui laisser votre place de ministre du Patrimoine ? S'il-vous-plaît. Vous n'êtes visiblement pas faite pour ce travail et après cette série de propos - http://www.cyberpresse.ca/article/20080918/CPSOLEIL/80917260/5019/CPSOLEIL - c'est ce que vous aurez de mieux à faire. Même vos électeurs et vos électrices en conviendront. Sinon, vous avez pensé offrir votre expertise à Robert Mugabe au Zimbabwe ?

mardi 16 septembre 2008

Aberration

On a cru - on a dit - que Harper et Verner avaient annoncé leurs coupures en culture pendant les Jeux Olympiques, en plein été pour que cela passe le plus inaperçu possible... Pressentant qu'ils allaient entrer en élection quelques semaines plus tard, n'est-il pas illusoire d'imaginer que les Conservateurs ont annoncé ces dites coupures dans le but de plaire à leur électorat et ainsi de s'assurer des votes supplémentaires ? Ces électeurs qui s'amusent à ridiculiser la moindre audace culturelle alors qu'à l'autre bout de la planète on l'applaudit à tout rompre mettent en danger notre pays. Alors même que, selon un sain principe d'autodéfense, les acteurs culturels sont forcés de chiffrer constamment l'apport de la culture dans notre société en termes d'économie... C'est totalement aberrant d'en être arrivés là.

jeudi 4 septembre 2008

TÛT, TÛT, TÛT !

Qui est assez naïf, en ce pays, pour croire que nous sommes tout à fait exempt de radicaux de tout poil ? Peut-on vraiment croire que, parce qu'il n'existe pas de parti politique ouvertement xénophobe, raciste et populiste comme en certains coins de l'Europe balkanique ou de l'ex-URSS ou en certains états du Midwest américain, que parce qu'il n'y a pas de phalangistes et de miliciens déguisés en soldats circulant dans les rues au son de l'hymne national poussé de trompettes dégoulinantes de bave envenimée, on peut, en toute conscience, croire que cette engeance n'existe pas, ici, au Canada ? Aurons-nous toujours la conscience propre en pensant qu'aucun Canadien n'a jamais posé son "X" à côté d'un Le Pen ou du Vlaams Blok ? Tout le monde sait que le politically correct qui dérange tant les columnists est une farce fait d'une tonne de grossiers mensonges. Mais ne nous sommes nous jamais demandé ce que cachaient ces mensonges donc de quoi était fait la morale de ces vertueux politiciens ? À voir et à entendre les conservateurs et les adéquistes mépriser la Culture comme ils le font, j'arrive, moi, à imaginer la suite...

Pendant ce temps, on détourne la question en accusant les nationalistes québécois d'être ceux qui véhiculent des idées réactionnaires empreintes de racisme ; les "sales gauchistes" d'être ceux qui sèment le trouble et bouleversent l'ordre moral. On en veux à certains artistes qui, emportés par leur enthousiasme, ont osé comparer Harper à Hitler. Bien sûr que c'est exagéré ! Et puis quoi merde ?! Que ceux qui arrivent encore à dormir sur leurs deux oreilles s'imaginant que nos idéaux moraux seront éternellement préservés sous la houlette conservatrice de ce grand pays de l'érable se réveillent ! Le danger est bien là caché sous ces poignées de mains molles et ces sourires jaunes...

mercredi 27 août 2008

Elvire Jouvet 40

Dès le 9 septembre le Théâtre Niveau Parking, la compagnie de théâtre dont je suis membre depuis quelques années, proposera au Théâtre Périscope une lecture toute intime des leçons que Louis Jouvet (pédagogue et homme de théâtre français) proposait à ses élèves en art dramatique à Paris autour de 1940. Ces leçons sténographiées d'abord par une proche collaboratrice ont servi de matériel à la metteur en scène Brigitte Jaques pour ce spectacle qui s'intitule "Elvire Jouvet 40" en référence à la deuxième scène de Elvire de Don Juan qu'y fait travailler monsieur Jouvet.

Lorraine Côté, notre metteur en scène, a mis tout son talent et sa sensibilité au service de cette oeuvre avec Michel Nadeau et la jeune et talentueuse actrice Marianne Marceau comme interprètes. En assistant à leur travail, on déguste un bonbon à la recette particulièrement savante ; parfois acide souvent douces, les émotions vécues sont multiples et le sujet nous passionne réellement. J'ai l'honneur de compléter la distribution avec l'acteur Israël Gamache. Présenté jusqu'au 4 octobre.

vendredi 22 août 2008

Sur la banquise

Je lis cette semaine le dépit dans lequel se trouvent les élites politiques souverainistes québécoises et qui les amènent à ne plus savoir par quel bout de la lorgnette prendre LA question pour être bien compris d'une majorité de citoyens. Je comprends leur désaroi lorsqu'on fait l'exercice de chiffrer l'appui populaire au projet d'indépendance. Une vraie patinoire fissurée de partout. De grands trous d'eau dans lesquels s'engouffre le fait anglais. Quelques naufragés épuisés sur leurs bouts de banquise. Quelques fleurdelisés faméliques qui battent au vent violent de la mondialisation. La souveraineté ne sert même plus d'atout publicitaire. Et les athlètes de chez nous concourrent sous un drapeau qu'on s'efforce, avec une bonne part de succès, de sublimer pour donner à la leurs remarquables performances tout le poids qu'elles méritent.

Le seul drapeau québecois dont on se sera servi pour les campagnes publicitaires qui jalonnent les compétitions olympiques aura été vu sur une séquence de 1/3 de seconde pour une publicité du quincailler Rona et encore aura-t-on pris soin de le laisser en noir et blanc pour ne pas risquer de laisser battre nos coeurs sous d'autres couleurs que les blanche et rouge unifoliées. Et ce n'est qu'en voyant hahanner nos althérophiles sur leurs barres à l'entraînement qu'on aura pu se délecter, à Radio-Canada, de quelques drapeaux québécois oubliés en arrière-plan. Bravo les filles soit dit en passant pour vos belles performances à Pékin!

Bien sûr, je suis fier de constater que la moisson de médailles canadiennes aura été ce qu'elle est. En ce sens, c'est un honneur pour moi d'être citoyen de ce pays car il s'agit sans nul doute d'un des plus beaux et des plus grands et des plus honorifiques État de la planète. Je n'en nourri aucune animosité et aucun regret. Cependant, je continue à penser que la seule façon de croire en la pénénité d'une portion suffisante de Québécois parlant le français est d'offrir à ceux-ci un cadre politique et légal s'apparentant à ce qu'est, en ce monde, un État souverain. Sinon cette portion de Québécois s'exprimant en français disparaîtra inexorablement et cela se fera très rapidement, j'en ai bien peur. Avec la banquise.

jeudi 14 août 2008

La saignée au Patrimoine


En entrevue cet été, j'ai dû justifier certains commentaires écrit précédemment sur ce blog, commentaires qui révèlent mon engagement moral de citoyen. Cela m'a fait réfléchir encore une fois. Je ne me considère pas comme une personnalité publique encore moins comme un polémiste, mais il est certain que tout ce qui fut écrit ici ne s'effacera pas et n'engagera toujours que moi. Ainsi, ma virulente réaction suite à l'élection des adéquistes à l'opposition officielle aux dernières élections provinciales ou encore quelques "révélations" anodines sur mon compte écrites ce printemps (le précédent message). Le titre même du blog "Petit Geste de Résistance à l'Abrutissement" en dit toujours long sur mes ambitions premières. En tant qu'artiste, il faut bien se mouiller un peu et, à défaut d'un retentissant "j'accuse!", je me contenterai d'un tout petit "j'assume..."

À ce titre, la vénérable Josée Verner et le gouvernement de rétrogrades qui gouvernent notre pays font cette semaine un tort incroyable à la Culture et je ne cite pas notre si fragile culture québécoise, je parle de la Culture globale, planétaire, celle à laquelle nous nous devons de toujours nous référer en premier lieu. Au beau milieu des Jeux Olympiques d'été - qui révèlent d'abord toute l'hypocrisie du régime chinois et la déconcertante absence de volonté de vaincre des athlètes canadiens (mais voilà d'autre sujets pour de futures polémiques) - on annonce de sanglantes coupures dans de multiples programmes de subventions aux artistes cherchant à s'exporter ou qui entretiennent déjà un réseau à l'international. Aucune discipline n'est épargnée. Pour l'état conservateur, ce ne sont que quelques dizaines de millions. Pour les artistes, c'est la fin d'une multitude de projets d'avant-garde qui sont autant de cartes de visite à l'étranger.

Ayant eu la chance de participer à La Trilogie des dragons de Robert Lepage, l'un des créateurs directement touchés par ces coupures, une constatation est née de ces tournées qui nous on menées de Zagreb à Lisbonne en passant par Londres, Hambourg, Bergen, Paris, Berlin et Madrid après un détour en Océanie. Notre spectacle était un incroyable passeport, une mémorable carte de visite pour tout ce qui fait encore la spécificité de la culture canadienne métissée de la québécoise. Nous étions fiers, en tous ces endroits, de parler, de chanter et de danser de cette manière, notre manière. Et les publics d'ailleurs devinaient, préssentaient, ce qu'était notre réalité et en quoi elle nous émouvait. Exit tout cela. Ben... merci monsieur Harper, madame Verner.

N'a-t-on pas raison de s'en faire à élire ces obtuses personnes ? Et qu'annonce la suite ?...

lundi 5 mai 2008

Pogné avec la tague

Adèle, la blogueuse de "comme une journée à la plage" m'a tagué il y a quelques temps. Voici le principe et le règlement de cette tague ente blogueurs.
- Écrire le lien de la personne qui nous a tagué
- Préciser le règlement sur son blogue
- Mentionner 6 choses sans importance sur soi
- Taguer 6 autres personnes en mettant leur lien
- Prévenir ces personnes sur leur blogue respectif


L'idée d'écrire 6 choses sans importance me concernant m'apparaît plus simple que d'écrire 6 choses ayant de l'importance pour moi bien que cette seconde liste ressemble sûrement à : ma famille, le respect des autres, le silence, le goût, la langue française et la musique. Plutôt ennuyant ça. Essayons pour une fois d'être divertissant, moins sérieux un tit-peu, et osons relever le défi.

1 - Je suis un passionné de football européen, de soccer. Je suis à la loupe le déroulement de chacune des grandes ligues européennes, de chaque coupe qui se dispute là-bas et de tous les grands tournois majeurs dans le monde. Grâce à Internet et aux chaînes spécialisées, je me tiens informé du sujet autant que cela est possible pour un nord-américain.

2 - J'adore les guides de voyage. Il m'arrive d'en avoir un comme livre de chevet. Je les lirai surtout s'ils concernent un pays que je n'ai aucune chance de visiter. Lorsque je débarque quelque part, je réalise souvent que je ne sais fichtrement rien de l'endroit ayant préférer m'informer d'abord sur la Gambie plutôt que sur Paris...

3 - J'ai peu d'amis dans son acception originale. En fait, je n'en ai pas je crois. Sans importance cela ?

4 - J'aime lire des livres dont le sujet à prime abord ne me sera d'aucune utilité, principalement des livres d'histoires. Par exemple : Le réalisme allemand de 1848 à 1890 (je dois dire quand même que je me suis assoupi en le lisant celui-là). Cela me permet de découvrir des choses auxquels je n'aurais jamais pensé avoir accès et de faire véritables trouvailles. À ce sujet, il faut lire absolument le récit du camp d'extermination nazi de Treblinka que donne Vassili Grossman dans ses Carnets de guerre paru l'année dernière chez Calmann-Lévy.

5 - Je n'ai pas de permis de conduire. Au-delà d'un manque d'intérêt et d'affinité pour tout engin à moteur, je m'amuse à dire que c'est un choix de vie qui est motivé par un authentique souci écologique. N'en demandez pas plus. De toute manière, je considère que traîner 8 tonnes de tôles avec soi chaque fois qu'on se déplace est une aberration. Qui oserait me contredire ?

6 - Je suis migraineux. Cela est véritablement sans importance... sauf lorsqu'on est en pleine crise de migraine, qu'il est 19h30 et que le spectacle dans lequel on joue commence dans la demi-heure. Tous les saints de la Terre seront alors sollicités...

J'ai bien peur que je vais être coincé avec ma tague pour un bout de temps avant de pouvoir la refiler à d'autres... Manifestez-vous si l'envie d'être tagué(e) vous prend...

lundi 14 avril 2008

Variations énigmatiques

Les Variations énigmatiques vont bon train après cette première semaine de représentations. L'accueil est très enthousiaste. Les échos généreux. Je suis bien content du travail que fournissent soir après soir mes deux acteurs. Ce sont deux fiers garçons. Leur générosité m'éblouit. Il se sont approprié tout le travail fait en répétition lorsqu'ils sont arrivés en représentation. Le soir de la première, ils se sont assurés de coller le plus fidèlement possible à ce que nous avions établi malgré la nervosité et le trac. Le matériel était brut, non équarri, l'énergie dépensée phénoménale. Et c'était très bien comme cela. Dès vendredi, soit trois représentations plus tard, la rythmique du spectacle était différente. Ils prenaient en compte les réactions du public, savouraient ce que cela provoquait en eux ; les mots de Schmidt sont tellement suaves, les réparties des personnages tellement délicieuses que c'eut été dommage de s'en priver. Cela tout en gardant en tête (ou dans le coeur peu m'importe) la ligne émotive de leurs personnages. Bravo !

Il doit rester quelques billets. Ne manquez pas cela !

mercredi 2 avril 2008

De la résistance


Un bon copain ayant vu Cyrano de Bergerac m'a avoué: "en sortant, j'ai eu envie d'aimer mieux ma blonde, de la reconquérir". Un autre m'a dit : "on sort de là comme si on sortait d'une retraite ; on fait le vide et on se retrouve plein de quelque chose d'autre".

Aussi, les commentaires du message précédent m'ont empli d'une profonde satisfaction qui n'a rien à voir avec la performance proprement dite. J'ai le sentiment de contribuer pour une rare fois à la santé émotive de mes pairs. Sort-on de Cyrano transformé après s'être fait raconter cette histoire sublime ? Si l'état de réceptivité initial est bon, il semble que oui. Quelques-uns d'entre-nous ont sû oublier tracas et embêtements l'espace de quelques heures et cela est, de façon non équivoque, la preuve de ce que j'avance.

Quelques fois, je questionne le titre de ce blog (PGRA pour Petit Geste de Résistance à l'Abrutissement) car je le trouve pompeux, voire prétentieux... Cependant, devant les échos enthousiastes nés de notre Cyrano de Bergerac, force est de constater que nous sommes sur la bonne voie et qu'il s'agit bel et bien de résistance. Si les jeunes hommes et jeunes femmes qui ont assisté à l'une des matinées scolaires ayant conclu la série de représentations ont su oublier, l'espace d'un instant, les images de leurs semblables se tapant sur la gueule sur une patinoire de la LHJMQ, c'est fort bien. Ils n'en seront que de meilleurs citoyens. Pour moi, c'est ce qui s'appelle tirer la couverte dans l'autre sens.

Parlant de résistance (vis-à-vis des institutions qui ne subventionnent pas le théâtre émergent par exemple), c'est le temps de se procurer des billets pour les représentations de Variations énigmatiques de Éric-Emmanuel Schmidt. Vous encouragerez par le fait même ce type de théâtre ; c'est uniquement à l'achat de vos billets que nous rentreront dans nos frais. J'ai fait la mise en scène de ce spectacle qui débute mardi prochain à Premier Acte sur la rue Salaberry http://www.premieracte.ca/. C'est un superbe duel d'acteurs (Vincent Champoux et Emmanuel Bédard) sur un texte hallucinant où tout est axé sur le jeu et les apparences. Courrez-y si vous êtes en ville car cela ne sera à l'affiche que trois semaines (du 8 au 26 avril, mardi au samedi à 20h).

lundi 17 mars 2008

Godot et Cyrano

Godot est passé. Je peux désormais dire adieu à Lucky ce fantastique porte-parole à la pensée déraillée...

La tournée québécoise de En attendant Godot, production du Théâtre de la Bordée, est donc terminée. Nous avons parcouru cet hiver l'ensemble de la province avec ce spectacle joué de main de maître par le duo d'acteurs le plus extraordinaire qui soit, Jacques et Jack, par la splendide Denise et par les talentueux Lucien et Jocelyn. Chapeau à tous ! Ce spectacle restera dans les annales. Un merci bien senti également à Frédérick qui m'a vaillament remplacé lorsque les dates de tournée ne concordaient plus avec mon horaire de répétition de Cyrano de Bergerac.

Ce Cyrano maintenant...

Depuis deux semaines, nous portons sur nos épaules ce spectacle tant attendu à Québec. Nous rencontrons soir après soir un nouveau public qui, pour une bonne part, connaît déjà très bien ce personnage et ce dans quoi il évolue. Ma crainte de le décevoir s'estompe au fur et à mesure des représentations tant l'accueil est bon. Quant au public étudiant, il ne s'est jamais montré aussi discipliné et interessé. Décidemment, nous ne nous étions pas trompés lorsque nous avons pris sur nous de participer à ce spectacle.

Je me délecte soir après soir de la tâche qui m'incombe. Je me suis approprié le rôle comme jamais cela ne m'était arrivé. Cyrano est dans ma tête depuis six mois maintenant et je savais depuis plus d'un an que je devais le rencontrer ce printemps. J'étais dans l'expectative de ce moment, comme si j'allais enfin rencontré en personne le modèle parfait, l'idéal de l'homme tel que je le rêve. Par un étrange processus de symbiose, je me glisse en cet idéal et je crois devenir un homme meilleur. S'il n'y avait qu'une seule bonne raison de ce farcir un tel rôle, ce serait bien celle-là ! Je crois que cela me transfigure. Je suis au mieux.

Merci à tous ceux qui m'accompagne dans ce voyage !